Désormais, c'est dans la mer que s'inscrivent les traces de nos pas et c'est dans le sillage du Westerdam, au petit matin, que se dessine l'esquisse de l'avenir ...






jeudi 31 mars 2011

Journée de tornades et d'orages

La météo et menaçante. On est passé du niveau Avertissement (Warning) à ALERTE à la tornade, ce matin, vers 10 heures.
Il a plu toute la nuit, des orages, parfois forts.

Ce matin, il pleut très très fort. Il fait sombre, aussi noir qu'à 8 heures le soir, même si on est en plein avant-midi. Plusieurs personnes ont peur et vont chercher refuge -- ici, au parc, c'est dans les toilettes qu'il faut aller. Sympa, non! Et apportez vos chaises parce qu'il n'y a pas de place où s'asseoir là-dedans, sauf ... les toilettes elles-mêmes, bien sûr!

Le vent soulève tout ce qui traîne par terre, charrie des branches, fait un peu de ravage. Mais Pauline dit qu'elle a déjà vu pire, il y a trois ans, à Sebastian. Avec Marcel et Madeleine, elle avait trouvé refuge à l'intérieur de la Minnie et ils voyaient les meubles de jardin des voisins qui volaient le long des fenêtres. Cette fois, on a fermé l'auvent, par mesure de précaution. Notre voisin, lui, ne craint rien et n'a pas fermé le sien. Plusieurs autres ont fait la même chose que nous.

Alors on regarde la télé, au canal météo qui donne les alertes et les avis et qui fournit des cartes et des explications de la progression, minute par minute, de la tempête.
C'est assez impressionnant, je dois dire.
Et pas très rassurant!
On rapporte qu'une tornade a frappé à quelques milles d'ici ... mais on devrait être libérés de la menace d'ici 30 minutes.

Je vous reviens plus tard avec plus d'info. D'ici là, qu'est-ce que je préfère? Une tempête de neige ou une alerte à la tornade? Disons que je connais mieux les tempêtes de neige ...

Deux heures plus tard ...

La tornade est passée tout près de nous -- à moins de 10 km, en fait! Elle poursuit sa course vers le sud. Les dommages sont importants. Les photos parlent d'elles-mêmes -- elles viennent des gens qui les soumettent au site de ABC News. En voici quelques-unes :















Tout ça, juste à côté d'ici! Nous, on n'a rien! Gracias a la vida!


18 heures : Des dégâts partout!

Il pleut encore et toujours! On commence à en avoir assez! Il y a encore une alerte aux orages violents en vigueur pour ici. Depuis ce matin, il est tombé 9 pouces de pluie et il y a eu près de 3000 éclairs (et les coups de tonnerre qui suivent) dans la seule région où nous nous trouvons! Les résidents et les experts disent tous qu'ils n'ont rien vu de tel depuis au moins 20 ans!

La télé montre les dégâts considérables que la tornade a causés un peu partout : des arbres tombés sur des maisons ou des voitures (parfois de vieux chênes centenaires), des toits envolés, des constructions décapitées ou démolies, beaucoup d'accidents de la route, certains très spectaculaires, des inondations et beaucoup de gens estomaqués (le mot est faible)! Les aéroports de Tampa et de Petersburg ont été frappés aussi, surtout les petits avions.



Fait à noter : les commentateurs à la télé (dont certains font un travail remarquable!) conseillent aux gens de donner des nouvelles à leurs proches, qui risquent de s'inquiéter ...
Alors, c'est ce qu'on fait : rassurez-vous, nous allons bien, juste très détrempées et pas mal tannées. À part ça, tout baigne (c'est le cas de le dire)!

22 heures - c'est fini!

Il a cessé de pleuvoir. Le calme est revenu. On annonce du soleil pour demain; ça séchera toute cette eau! Et on ne sentira plus rien de tout cela! Juste des souvenirs -- encore -- d'une autre tempête mémorable!
En douze heures, on aura traversé toute une gamme d'émotions!

Pour moi, c'est une première expérience de tornades.
Disons qu'une alerte à la tornade, c'est d'abord une sensation, un feeling. Comme s'il y avait un vide dans l'air, une sorte de suspension du temps. C'est l'avertissement, le bulletin météo qui montre le monstre qui approche -- et ensuite l'alerte est donnée!

Dès lors, c'est la course, parfois un peu folle -- ce qu'il faut faire, où il faut aller se réfugier, ce qu'on doit apporter. On pense à son porte-monnaie, le iPhone, les photos des enfants (fort utiles, c'est bien connu!) et une bouteille d'eau!
Ensuite, les questions. Où en est la tempête? À quelle vitesse elle progresse -- combien de temps on a pour tout faire ce qu'il faut faire (fermer les fenêtres, rentrer l'auvent, ramasser ses affaires, amener le chien) et se sauver ensuite? La télé donne des bulletins en continu et fournit même, à la minute près, l'heure où ça va cogner sur nos têtes!
Tout autour, les autres réagissent aussi. La voisine, effrayée, qui court au refuge avec son mari, en tenant son petit chien dans ses bras. L'autre, imperturbable, qui dit calmement que ça va passer ailleurs, lui, il ne bouge pas! Le bonheur d'avoir des voisins proches, on se sent moins seules. Mais entre les deux, à qui se fier?
Puis, ca part! Le vent, l'eau, le bruit. Tout ce qui bouge revole, tremble, parfois se casse. Il règne un bruit sourd, constant, assourdissant; il se met à tomber des trombes d'eau et il passe de fortes bourrasques de vent.  Et ça dure pendant des minutes et des minutes, qui deviennent des heures, et ça dure et ça dure. C'est à peine si on entend le son de la télé. Les fenêtres sont embuées, on ne voit plus rien dehors.
Enfermées dans le cocon de la Minnie, on suit à la télé la progression des tornades, qui passent l'une après l'autre. On regarde les photos sur Internet -- et, ô miracle, on se rend compte finalement que le pire de la tempête vient de passer tout juste à côté de nous ... et qu'on est saines et sauves! Incroyable.

Finalement, ça s'arrête. Presque subitement. Une petite pluie fine, une lumière jaunâtre, comme une lueur à travers tous ces nuages. Le vent tombe. Et c'est le vide -- le calme après la tempête : l'expression prend vraiment un sens très réel!

On ramasse ses choses mouillées, on laisse le chien sortir prendre l'air (et faire ses petits besoins), on réinstalle l'auvent. La vie redevient normale. On se met à avoir faim -- pratiquement pas mangé de la journée! Le temps, qui était lourd et humide, s'est rafraîchi et on sent une bonne petite brise!

On pense à chez nous, à ceux qu'on aime. On bénit le ciel de nous avoir éparnées; on bénit aussi Internet de nous garder branchées sur le reste de l'univers. On va bien dormir ce soir.
C'était une première expérience d'alerte à la tornade -- et c'était, par bonheur, même pas  la tornade elle-même. Imagine!